Juliette Bauer

Voici ma première interview en français avec une artiste exceptionnelle: Juliette Bauer.

J’ai découvert Juliette grâce au Berry Républicain et je ne regrette pas d’avoir pris le temps d’écouter sa musique. Premièrement, cela m’a fait plaisir de voir qu’elle écrivait ses chansons en anglais. Deuxièmement, elle a un déjà une réelle signature musicale. Elle sait déjà qui elle est en tant qu’artiste et c’est pour moi quelque chose d’important. Troisièmement, elle écrit et compose elle même ses chansons et c’est ce que j’aime voir chez les artistes de nos jours. Dernièrement, Juliette vient de Bourges, et cela fait du bien de découvrir une artiste venant de la même ville que moi :)

Son premier EP Breathe est juste magique. Juliette nous délivre un projet envoûtant et captivant. Je ne vous cache pas que ma préférée est “Lullaby”, cette chanson est juste époustouflante et elle mérite vraiment d’être entendue.

Juliette Bauer a un très bel avenir devant elle, je n’en doute pas. Alors n’attendez plus, allez écouter son EP Breathe ! :)

Merci beaucoup Juliette pour cette interview !

Peux-tu te présenter auprès de nos lecteurs ? Quelle est ton histoire ? 

Rapidement, je suis une jeune artiste française de 24 ans. Je suis née à Bourges et j’y ai vécu presque toute ma vie. J’y ai grandi, j’y ai étudié (lycée et études supérieures) et depuis septembre 2021, je voyage entre Bourges et Paris car j’ai intégré une école de commerce en alternance. J’y étudie le commerce et le développement marketing à l’international. 

Mon histoire est assez banale et la musique n’en faisait absolument pas partie jusqu’à il y a 2 ans... 

Parle-nous un peu de ton enfance. Quand as-tu commencé à chanter ? Et quand as-tu découvert ta passion pour la musique ? 

Aussi loin que je me souvienne, je chante. C’est simple, je crois que depuis que je sais parler, je sais aussi chanter ! C’est quelque chose qui m’a toujours été très naturel d’autant plus que j’ai toujours aimé la musique. Quand j’étais enfant, on écoutait beaucoup la musique dans ma famille. Que ce soit pour faire du rangement, un trajet en voiture ou bien pour une fête, il y avait toujours de la musique et comme je suis une très grande bavarde, j’adorais chanter. Je reproduisais ce que j’entendais pour voir si j’en étais capable. C’était une espèce de challenge personnel et quotidien, un jeu qui m’amusait beaucoup (et qui m’amuse encore à ce jour). 

J’ai continué à chanter en grandissant, à écouter et à découvrir toujours plus d’artistes. Arrivée au collège, j’ai d’ailleurs intégré une chorale : Vocalson. Bien entendu, à l’époque il s’agissait plus d’une activité pour se divertir qu’un potentiel projet de lancement dans la musique. Mais de temps en temps il m’arrivait de me dire « pourquoi pas », puis l’idée disparaissait. Effectivement je n’avais aucune base musicale. Je n’ai jamais pris un seul cours de solfège, ni de chant et je ne savais pas comment, à l’époque, ni pourquoi ou sur quoi écrire. 

Les années ont passé et je n’y ai plus repensé. Jusqu’au jour où est apparu le Covid et avec lui, le premier confinement en 2020 ! 

Quand as-tu commencé à écrire tes propres chansons ? 

Avec le Covid, je pense qu’on s’est tous retrouvés à l’arrêt par la force des choses. Personnellement je ne savais pas trop quoi faire de mes journées, ni comment m’occuper. C’était extrêmement long et frustrant ! Puis, à force de trainer sur les réseaux sociaux, j’ai remarqué que certains s’essayaient à la musique via des logiciels gratuits. Je me suis donc laissée tenter. De toute façon, personne n’allait écouter ce que je faisais et j’avais enfin de quoi m’occuper ! 

Que nenni. Quand j’y repense ça me fait rire. 

J’ai donc commencé à « composer » des musiques en créant des mélodies. On ne va pas se mentir, les premiers essais n’étaient pas du tout concluants ahah. Et puis au bout de quelques jours, j’ai sorti un truc, une mélodie et des rythmes qui tenaient à peu près la route ensemble. J’ai envoyé le morceau à des amis, à de la famille et tous m’ont dit que c’était super mais qu’il manquait des paroles... 

C’est à ce moment là que j’ai commencé à écrire, d’abord en français. C’était très mauvais. Je ne savais pas sur quoi écrire alors les mots ne venaient pas. Les rimes étaient moyennes, le sens que je voulais donner au morceau, inexistant. 

Puis, je me suis dis qu’il vaudrait mieux passer à l’anglais, que ce serait peut-être mieux. La révélation. Les mots venaient très facilement, je savais ce que je voulais dire, quels thèmes aborder et comment je voulais le faire. 

Quels sont les artistes qui t'inspirent le plus ? 

Avant même de commencer à composer je faisait beaucoup de recherche musicale. En effet, la musique est mon moteur de vie. Je l’écoute presque à chaque moment de la journée. Mais selon mon humeur, j’aime écouter tel ou tel style. 

C’est pourquoi je faisais, et fais toujours d’ailleurs, de grandes playlists avec des artistes d’horizons complètement différents. Bien sûr, j’ai une certaine appétence pour la musique alternative, l’électro, la pop, etc. mais j’aime aussi beaucoup écouter du rock, du hard rock, de la variété, du classique... 

En ce qui concerne mes influences, je ne me mets aucune barrière afin d’explorer un maximum de pistes.  Mais, on pourra quand même retenir : Mylène Farmer, Kate Bush, The Blaze, Télépomusik, Oscar and the Wolf, Calogero, Zazie, ZHU, Jeanne Added, Eurythmics, Depeche Mode, Thomas Azier, Vitalic, Thylacine, Jean-Michel Jarre, La Roux, Club Cheval, Feder, Kungs, Christophe, Peter Gabriel, et je pense m’arrêter là sinon on y est pour des heures ! 

Qu'est-ce qui t'a donné envie d'écrire tes chansons en anglais ? 

Alors pour en revenir à ce que je disais, d’une part c’est cette facilité à trouver les mots et à écrire. Je suis bilingue de part mon cursus scolaire et dans la vie de tous les jours il m’arrive parfois de mélanger les deux langues, français / anglais. Rétrospectivement, je sais maintenant que je me sentais plus à l’aise avec l’idée d’exprimer mes sentiments en anglais parce que les mots, pour moi, n’avaient pas le même impact qu’en français. Je me sentais moins légitime d’écrire dans ma langue maternelle parce que j’en comprenais vraiment le sens et que les autres aussi. Tout le monde n’est pas bilingue en anglais donc pour me « cacher » un peu et pour que les autres ne comprennent pas vraiment ce que j’exprimais je préférais l’anglais. D’autre part, il y a cet aspect ludique. Il fallait parfois réfléchir pour trouver des rimes qui donnent du sens aux couplets. 

Qu'est-ce qui t'a donné envie de faire de la musique et de sortir tes propres chansons ? 

Finalement en fait la musique n’est pas apparue comme par magie pendant le confinement. Aujourd’hui je me rends compte que depuis mes 5 ans, je veux être chanteuse. C’est donc un rêve d’enfant qui prend forme. 

Mais bon, jusqu’en 2020 je ne me pensais pas capable de créer. Dans mes rêves les plus fous de l’époque j’étais seulement interprète. Jamais je n’aurais imaginé une seule seconde pouvoir tout faire; du moins en ce qui concerne l’aspect artistique de la musique ! Comme quoi, tout arrive. 

En ce qui concerne l’envie de sortir mes morceaux, on va dire qu’elle est apparue en même temps que je commençais à composer mais je ne savais pas si tout ça tenait la route. Si je me lançais, il était hors de question de faire quelque chose de médiocre. J’ai donc contacté des professionnels de l’industrie via la plateforme Groover pour qu’ils me donnent leurs avis et conseils. 

Si vous lisez cette interview, vous vous doutez bien que les retours ont été positifs ! 

Effectivement après la sortie de mon premier single, I Know, en avril 2021 j’ai fait partie des 5 gagnants d’un concours Groover en partenariat avec The Supermen Lovers. C’est vraiment à partir de là que tout a commencé. 

Quelles étaient les premières personnes à croire en toi et en ton talent ? 

Sans aucun doute, mes parents. C’est d’ailleurs grâce à eux que j’ai enregistré mon premier morceau, en mars 2021. C’était mon cadeau d’anniversaire. 

Je suis allée en studio, un peu stressée quant au déroulement de la session et puis à partir du moment où je me suis retrouvée derrière le micro, en train d’enregistrer ma chanson, j’ai su. C’était la confirmation que ma place était belle et bien derrière un micro et nulle part ailleurs. 

À mon retour, je leur en ai parlé, très enthousiaste, et la seule chose qu’ils m’ont dite c’est « fonce ». Donc me voilà. 

Breathe est ton premier EP. Quand as-tu commencé à l’écrire ? 

Ça s’est fait très très rapidement. J’ai enregistré I Know, un autre single dans la foulée (Don’t Forget), on était déjà fin mai. Et puis là, d’un coup, j’ai composé les autres titres et un fois ça fait, j’ai enregistré l’EP. Il fut prêt début septembre 2021 et l’album est sorti le 31 du même mois. 

Peux-tu nous décrire le processus d'écriture et de composition de ce projet ? Qui t'a aidé à le réaliser ? 

Alors comme pour tous mes projets, il n’y a pas vraiment de processus de composition. J’écris paroles et mélodies dès que l’inspiration me vient. Je peux rester des semaines sans faire le moindre morceaux puis les trois jours qui suivent peuvent voir sortir trois, quatre, cinq, six nouvelles musiques. 

C’est vraiment très hétérogène. 

Ensuite, lorsque je compose je fais selon mon humeur du moment et selon la sonorité qui me plait. En général, je crée une première mélodie, la mélodie principale, puis autour d’elle je viens ajouter rythmes et autres sons qui la feront ressortir. Au fur et à mesure que je compose ma chanson les mots me viennent tout comme l’air des paroles. Donc au final je fais tout en même temps et à l’oreille : composition, écriture, enregistrement des voix. 

C’est comme ça que j’ai composé intégralement Breathe et que je continue de composer mon futur album, Sombre

 Ça, c’est pour l’aspect artistique. Concernant l’aspect technique, j’ai dû faire appel à un studio, Luna Records (Bourges) et à son ingénieur son. Le mixage et le mastering des morceaux dépassent largement mes compétences ! 

Qu'as-tu appris sur toi même après avoir sorti ce premier EP ? 

Cet EP m’a appris plusieurs choses. D’abord, je sais désormais ce que je veux faire dans la vie et je trouve que c’est déjà pas mal ! 

Ensuite, j’ai pu constater que j’étais capable de faire quelque chose qui me plait et qui, surtout, me tient à coeur. À ce jour, je ne vois pas ma vie sans la musique. 

De plus, Breathe m’a permis d’obtenir une certaine rédemption. En couchant mes sentiments sur le papier et en les accompagnant des mélodies adéquates, j’ai pu faire la paix avec mon passé. Pour être franche, à cette époque je vivais des moments très compliqués, notamment dus à une très longue période de dépression. J’ai pu sortir la tête de l’eau grâce à la musique, qui a agit comme une véritable thérapie. Mon sentiment d’oppression intérieure a alors commencé à se dissiper et j’ai pu « respirer » de nouveau, d’où le titre « Breathe ». 

Quelle est l'histoire derrière la chanson Lullaby ? 

Lullaby, ça veut dire « berceuse » en anglais. Cette chanson parle des souvenirs que l’on a et qui, parfois, peuvent s’altérer avec le temps. Avec ce titre, j’ai voulu dénoncer le fait que l’on a souvent tendance à déformer la réalité des évènements passés pour mieux les accepter. 

Lullaby dit : « Les souvenirs se transforment en berceuses », « les souvenirs se transforment en mensonges ». Qui n’a jamais été déçu de refaire quelque chose en se disant « Dans mon souvenir, c’était mieux » ? C’est ce que décrit cette chanson, ce sentiment de nostalgie mélangé à une douce mais amère déception. 

Comment décrirais-tu ta musique ? 

On n’arrête pas de me dire que ma musique ressemble à « du Juliette Bauer » ! Je pense qu’effectivement, même s’il y a des ressemblances avec certains artistes de part mes influences, il y en a quand même une sacrée partie qui est de moi. Ma musique me ressemble puisqu’elle est de moi. Elle émane de mes sentiments propres et de mes goûts. 

Après, je dirais qu’elle mélange de la pop année 80, de l’électro, de l’alternative, de l’expérimental et de la cold wave. C’est une musique aussi bien solaire que froide. Joyeuse, mais pas trop. Ma musique finalement c’est moi, ma personnalité à travers des notes, des rythmes, des sons et j’en suis fière. 

As-tu de nouveaux projets à venir ? 

Oui oui oui ! Je travaille actuellement sur plusieurs projets. 

D’abord, je suis en pleine écriture de mon premier album, Sombre. Les titres sont majoritairement en français, mais certains seront en anglais, voire dans les deux langues ! 

Puis, je suis en train de travailler sur mon premier clip, celui de Lullaby. Ce sera l’occasion de m’essayer un peu au montage vidéo et donc de découvrir le monde du cinéma. J’espère le sortir d’ici la fin de l’année. 

Enfin, j’espère offrir quelques surprises à mes auditeurs d’ici la fin de l’été. Mais pour ça je n’en dirais pas plus... 

En tant qu'artiste, quel est le plus gros challenge ? Quels sont les avantages ? 

Le plus gros, dans mon cas, c’est de faire de la musique mon métier et donc d’en vivre alimentairement parlant. 

L’industrie musicale est un milieu très difficile. Il y a énormément d’artistes émergeants, il faut réussir à se faire une place, se faire un nom et surtout se faire connaitre du grand public. Finalement, nous, artistes, dépendons entièrement de ce dernier. 

Sans personne pour écouter ma musique, sans un public amateur de mon travail, je ne peux rien faire car les écoutes de mes morceaux sur les plateformes génèrent du profit. Un tout petit profit jusqu’à présent ahah car depuis mes débuts, j’ai dû gagner 7 euros ! Mais là où je veux en venir c’est que plus les gens me connaitront et surtout m’écouteront, plus j’aurais les moyens de sortir d’autres projets. Un morceau bien produit et bien sortit coûte de l’argent, alors imaginez un album ! 

L’avantage dans tout ça c’est que je suis totalement libre de mes mouvements. Je suis totalement indépendante et je peux donc décider d’absolument tout concernant ma musique. Il n’est jamais question de rendre des comptes, on ne parle pas chiffres mais de passion ! J’ai un regard sur tout et je peux à 100% dire « ce que vous écoutez, c’est totalement de moi et de personne d’autre ». 

Quel message souhaites-tu laisser aux personnes qui voudraient se lancer dans la musique ? 

« Ne le faites pas, il n’y a pas de place pour vous et moi ». Je plaisante. Ce que je vous dirais c’est « pourquoi tu ne t’es pas encore lancé ? Qu’est-ce que tu attends pour vivre ton rêve ? », ou encore « si tu n’essaies pas, comment tu pourrais savoir que ça va marcher ? ». 

Vous ne vivrez cette vie qu’une fois. Ne perdez pas votre temps à écouter vos peurs plutôt que vos rêves. Même si personne ne vous soutient, qu’il s’agisse de la musique ou d’une autre passion, surtout faites ce qu’il vous plait. Faites ce qui vous rend heureux. Personne ne le fera pour vous alors saisissez votre chance ! 

Essayer vaudra toujours plus que regretter. Vivez votre vie, sans vous souciez du regard ou de ce que pensent les autres. Vivez et soyez heureux. 

Quelles sont les plus grandes leçons de vie que tu as pu apprendre jusqu’ici ? 

Ne jamais écouter ses peurs, elles sont irrationnelles. Toujours écouter son instinct, son intuition. 

Ne jamais écouter les gens qui disent « tu n’as pas de talent », « tu n’y arriveras pas », « abandonne ». Jamais. Personne ne doit dicter la vie de quelqu’un. Chacun est libre et doit faire ses propres choix. 

S’accepter tel que l’on est et pour qui l’on est. Vous êtes votre plus grand allié, personne ne vous sera jamais aussi loyal que vous-même. Aimez-vous, avec vos défauts mais surtout avec les innombrables qualités que vous possédez. 

Dans la vie, tout arrive pour une raison. Il faut provoquer sa chance pour que de bonnes choses arrivent. Tout le monde connait des périodes difficiles mais ce n’est que temporaire ! Après la pluie vient toujours le beau temps. Il faut savoir lâcher prise et accepter le moment présent pour pouvoir accueillir le positif qui arrive car, oui, il arrive. 

Mon seul conseil : Breathe. 

Love, JB <3. 

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